Un peu d’histoire

 
 
En suivant les pratiques de la sorcellerie d'après l'échelle ascendante des êtres, nous arrivons des éléments à la matière, de la matière à l'animal, de l'animal à l'homme, et nous trouvons le magicien opérant sur ses semblables et, en dernière analyse, sur lui-même; en d'autres termes, le sorcier ensorcelle les autres et finit aussi par s'ensorceler. Ici encore nous  allons le suivre pas à pas à travers ses ténébreuses pratiques.

 Lorsque le sorcier agit sur les autres ou pour les autres, c'est, en général, pour nuire ou servir des passions coupables, et en cela il diffère essentiellement de l'enchanteur et même du magicien, tel que ce dernier est présenté par les croyances orientales, oui par les plus anciens poèmes chevaleresques, car dans ces poèmes, comme dans ces croyances, le magicien fait plus volontiers le bien que le mal, et on peut le prendre sans scrupule pour un savant ou pour un sage. Quant au sorcier c'est toujours et partout, dans ses rapports avec ses semblables, l'homme, nous l’avons vu plus haut pactiser avec le diable; c'est toujours un être, foncièrement méchant , on en jugera par ce qui suit. Cependant cette terminologie peut être contestée . Nous devons retenir que la sorcellerie se sépare en deux pôles de pratiques : la blanche ( bénéfique) et la noire (maléfique). Le sorcier "blanc" se doit de guerrir et de protéger .Pour cela, il se heurte parfois à des sorciers maléfiques et si ceux -ci continuent leur attaques un combat à mort peut commencer. C'est pourquoi un sorcier bénéfique se doit de connaitre la magie noire pour défaire les sorts , désenvouter les victimes et surtout pour détruire son ennemi.

Comme les dieux de l'enfer, païen, le sorcier ne sait point s'attendrir et pour, se venger de ses ennemis, quelquefois même pour tourmenter par plaisir ceux. Qui lui font envie, il les frappe de maladies effroyables. M de Saint-André parle d'une jeune fille ensorcelée, qui, après avoir perdu le mouvement et la respiration, vomit, pendant plusieurs mois, des coques d'œufs, du verre, des coquilles, des clous de roues de chariot, des couteaux, des aiguilles et des pelotes de fil. D'autres vomissaient des crapauds des serpents, des hiboux; quelquefois le sorcier ordonnait au diable lui-même d'entrer' dans le corps de la victime, et alors, on voyait se produire, par l'effet du maléfice, tous les phénomènes de la possession. Les ensorcelés qui, portaient en eux un autre être, se détournaient de la société des hommes pour s'exiler dans les cimetières, et jusque dans les tombeaux.

 Leur. Figure avait la couleur du cèdre; leurs yeux rouges' comme des ébarbons, sortaient des orbites ; leur langue, roulée comme un cornet, pendait sur leur menton , et le contact et la vue des choses saintes, produisaient sur eux le même effet que l'eau sur les hydrophobes. La médecine, était impuissante, à les, guérir, et ils mouraient souvent comme suffoqués par le diable.

 On envoyait aussi la maladie et la mort, soit aux personnes avec lesquelles on pouvait communiquer soit à celles qui se trouvaient à de grandes distances, à l'aide de figures de cire, faites à leur image ; ce genre de maléfice, connu, au moyen âge sous le nom d'envoussure ou d'envoûtement, fut souvent pratiqué, principalement contre les grands personnages.

Après avoir, baptisé, nommé et habillé la figure qui servait à l'envoûtement, on la frappait, on la blessait plus ou moins fort, on la jetait à l'eau, on la brûlait, on l'enterrait, on la pendait, on l'étouffait, et toutes les tortures à laquelle elle était soumise se répétaient sur les corps des vivants. Quelquefois, lorsqu'on voulait faire mourir à petit feu l’envoûter on enfonçait dans la statuette, où on  laissait fixées à demeure, des épingles très aiguës, de telle sorte que le malheureux sentît constamment dans ses chairs la pointe meurtrière.

Les affaires d'envoûtement sont très nombreuses au moyen âge, et même à une époque assez rapprochée de nous ; elles sont de plus en plus répandues dans toute l'Europe. On racontait en Écosse que le roi Duffus, ayant été attaqué tout à coup d'une fièvre, brûlante et de sueurs continuelles, dont rien ne pouvait calmer l'ardeur ou diminuer l'abondance, les médecins déclarèrent que leur art était impuissant, et que sans aucun doute Duffus, était ensorcelé. Les sergents et les magistrats se mirent en quête et trouvèrent deux femmes d'une fort mauvaise réputation, qui faisaient des cérémonies étranges, sur une petite statuette, de cire qu'elles chauffaient à un grand feu. Les femmes, conduites en prison, avouèrent qu'elles avaient envoûté le roi, et que c'était elles qui avaient causé la fièvre et les sueurs ; les médecins alors ordonnèrent de placer la statuette dans un endroit frais. L'ordre fut exécuté. Aussitôt le roi cessa de suer et ne tarda point à se rétablir.

 Les premières années du XIVe siècle offrirent un célèbre procès d'envoûtement, et ce procès fit d'autant plus de, bruit que l'accusé était un grand dignitaire de l'Eglise, Guichard, évêque de Troyes que le peuple avait surnommé le fils de l'incube. La reine, Blanche de Navarre, étant morte en 1304, et sa fille Jeanne l'ayant suivie de, près, dans là tombe, à l'âge de trente-trois ans, Guichard fut accusé d'avoir fait périr ces deux princesses par œuvre magique, On instruisit son procès; et voici ce qu'on lit dans l'acte d'accusation : L'évêque Guichard portait une haine mortelle à la reine Jeanne et à sa mère parce que c'était à leur poursuite qu'il avait été chassé du conseil du Roi, s'était vanté de les faire mourir et s'était associé dans ce but une sorcière, une femme inspirée, et un moine jacobin; ils avaient tous trois évoqué le diable et le diable interrogé avaient répondu. qu'il faillait faire une image de cire, ressemblant à la reine, la baptiser, lui donner les noms de cette princesse, l' approcher, du feu, la piquer avec une aiguille au cou et à la tète; que la, reine alors commencerait à ce mal porter, et qu'elle mourrait aussitôt que la cire serai fondue .D'après ce conseil du diable, Guichard fît l'image et la baptisa conjointement avec le jacobin, dans l'ermitage de Sainte-Flavy ; il y fit fondre l'image et aussitôt la reine mourut.

De nombreux témoins furent interrogés, entre autres l'ermite de Saint-Flavy, qui confirma les faits; l'évêque fut condamné, mais le caractère dont il était revêtu le sauva du dernier supplice, et il resta en prison jusqu'en 1313, époque à laquelle son innocence fut reconnue. Vers le même temps, des accusations de Sorcellerie furent aussi, on le sait, portées contre les templiers, mais moins heureux que l'évêque Guichard, ils expièrent sur le bûcher les crimes, pour la plupart imaginaires, dont on les avait chargés.

Au XVIè, siècle, la mode des envoûtements devint tout à fait populaire., On sait que la duchesse de Montpensier employa, souvent ce maléfice contre Henri III,. et qu'elle ne recourut au poignard de Jacques Clément qu' après en avoir reconnu l'inutilité. Catherine de Médicis, qui patronna toutes les folies et toutes les scélératesses , se servit aussi plusieurs fois de l'envoûtement , tout en redoutant pour elle-même ses terribles effets, et lorsque la Mole et Coconas furent livrés au dernier supplice, elle se montra fort inquiète de savoir s'ils ne l'avaient point envoûtée c'est qu'en effet du moment où l'efficacité de cette pratique était admise, il n'y avait plus de sécurité, même au sein de la puissance absolue, et la garde des barrières du Louvre n'en défendaient pas les rois.

La Wicca

La sorcellerie et les sorciers ne datent pas d'hier. En effet, l'homme de la préhistoire cherchait déjà à comprendre et maîtriser son environnement. Pour ce faire il avait recours à des personnes qui possédaient un ou des dons particuliers. Ce furent les premiers sorciers, intermédiaires entre la tribu et l'Autre Monde ou la nature. Ces sorciers pouvaient, par différents moyens, favoriser la chasse, soigner et guérire les blessures et aider une âme à se rendre dans l'au-delà. Avec le temps, l'homme a découvert d'autres systèmes et d'autres méthodes pour expliquer ce qui l'entoure. Nous sommes donc passés de l'animiste au polythéisme puis au monothéisme de même que de la guérison par les plantes à la médecine nucléaire.

Certains ont refusé ces changements et ont préféré continuer d'évoluer dans leur voie et faire avancer celle-ci par la même occasion. Il n'y a qu'à penser aux druides sous l'empire romain et aux sorcières du moyen âge. C'est grâce à ces gens que la sorcellerie n'est jamais complètement disparue. Ceci est une orientation possible, une des explications de l'origine de la sorcellerie. Il en existe une autre plus répandu chez les sceptiques... Elle voudrait que la sorcellerie WICCA , pratiquée aujourd'hui, soit le résultat de Gardner; une fumisterie.

En effet, Gérard Gardner est né en 1884 près de Liverpool et il a connu de nombreuse activités avant de se proclamer magicien. Affranchi de toute convention, il était un naturiste convaincu et s'intéressa toute sa vie à la magie et aux sujets voisins. C'est-à-dire, le «petit peuple», les victimes de l'Inquisition et les cultes secrets de l'ancienne Égypte, de la Grèce et de Rome. Il a appartenu un certain temps à L'Ordre Hermétique de la Golden Dawn et il suscita une grande agitation lorsqu'il déclara que les théories de Margaret Murray étaient exactes. Celles-ci voulaient que la sorcellerie ait été une religion et en soit toujours une. Gardner parlait en connaissance de cause puisqu'il se disait lui-même sorcier. Ces déclarations figurent dans «Witchcraft Today» ouvrage parut en 1954 et qui eu une importance capitale sur le renouveau de la sorcellerie. La publication d'un tel livre aurait été impensable avant 1951 date où les Witchcraft Acts de 1735, tombés en désuétude, furent abrogés par le Parlement Britanique. Les législateurs pensaient qu'après plus de 3 siècles de persécutions et 2 siècles de silence, la sorcellerie étaient bel et bien morte. Quoiqu'elle puisse avoir été moribonde, Gardner affirme qu'il a été en contact avec la sorcellerie, Wicca, en 1939 date à laquelle il aurait été initié par une sorcière, elle-même descendante d'une longue lignée de sorcières.

Selon cette théorie, la Wicca ne remonterait pas à la nuit des temps, mais serait plutôt une religion moderne reconstruite à partir de fragments de mythes, folklores et rituels qui ont survécu plus ou moins intactes à l’oubli. Maintenant, à vous de choisir votre théorie...ou d'en inventer une!
Encyclopédie planète, "Histoire des magies", K. Seligmann, 1964.