La plus ancienne représentation symbolique correspondant aux 4 éléments remonte sans doute à près de 4000 ans mais reste, de nos jours, encore bien visible et – dirais-je même – d’imposante façon puisqu’il s’agit du célèbre sphinx de Guizèh : ce tétramorphe dont les 4 formes animales qui le composent sont intimement associées aux 4 éléments.
Association que Eliphas LEVI, en 1920, dans « Les mystères de la Kabbale », déclinait de la manière suivante : les flancs du taureau pour la terre, les ailes de l’aigle pour l’air, la tête de l’homme pour l’eau et les pattes du lion pour le feu.Bien qu’en 1935, le Docteur Paul CATON, dans « La science occulte et les sciences occultes », en donne une correspondance légèrement différente, il n’en accrédite pas moins l’analyse selon laquelle, dans son étrange anatomie, le sphinx synthétise effectivement le symbolisme élémentaire.
De cette antique origine égyptienne connue – qui elle-même prend peut être sa source jusque dans la préhistoire de l’Humanité – tous les cultes païens tirèrent un enseignement rituelique du symbolisme des 4 éléments, comme ceux rendus à Mithra, Cérès, Cybèle ou Bacchus, par exemple.
Dès lors, donc, les 4 éléments se sont imposés comme base du principe créateur.
Créateur d’abord de la planète elle-même puisque – ne l’oublions pas – la Terre fut longtemps considérée comme étant de forme carrée et, là aussi, le chiffre 4 prend toute sa dimension ésotérique avec la relation géographique que lui confère l’association aux 4 points cardinaux : le Nord pour la terre, le Sud pour le feu, l’Est pour l’air et enfin, l’Ouest pour l’eau.
Créateur enfin de la vie sur cette planète, puisque toute vie participe chimiquement des 4 éléments : issue de la terre germinale, épanouie par le feu du soleil, se nourrissant de l’air et de l’eau.
Mais, après des siècles de stabilité, reposant sur l’équilibre sacré du chiffre 4, un déséquilibre va naître...
La divinité n’est plus innombrable ; elle devient « une »…
En effet, les croyances religieuses - et avec elles, la représentation du monde - glissent de la multiplicité vers l’unicité, puisque les dieux qui précédemment s’associaient indifféremment au minéral, au végétal, à l’animal ou à l’humain – 4, encore ! - se trouvent peu à peu supplantés par un seul dieu, uniquement préoccupé par l’homme.
Et lorsque je dis « l’homme », je pèse le mot car la nouvelle orientation religieuse entend également occulter le concept féminin.
Certes, le Christianisme divise le divin en 3 ; mais le chiffre 3 n’est alors plus la traduction de l’alliance entre principes divin, masculin et féminin - entre le yin, le yang et l’essence divine - mais bien celle de Dieu, de l’Homme et de l’Esprit Saint… notion pour le moins hermétique mais qui permet cependant de transcrire – fut ce en la dénaturant - la trinité sacrée de Thèbes : le père, Amon ; la mère, Mout et le fils, Khonsou.
L’importance de la pérennité de cette trinité s’explique par la corrélation - primordiale en numérologie sacrée - entre le chiffre de la matière, le 4 et le chiffre de l’esprit, le 3.
Car, sans cela, l’addition de ces deux chiffres ne donnerait plus celui de la création, le 7, chiffre magique par excellence.
Malgré le bouleversement considérable que provoque l’avènement du monothéisme en général et du Christianisme en particulier, le symbolisme créateur des 4 éléments ressurgit en force dès le Moyen Age européen au travers de pratiques que l’on qualifierait aujourd’hui de « déviantes », condamnées par l’Eglise du Christ, par la religion de l’Homme.
A cet égard, la découverte – ou la redécouverte ( ?) - du texte latin de « La table d’émeraude », mythiquement imputé à Hermès Trismégiste, et surtout l’usage qui en est alors communément fait par les alchimistes et les praticiens de la Haute Magie, démontrent textuellement l’importance des 4 éléments dans l’existence de la force créatrice : « Le soleil (le feu) en est le père, la lune (l’eau) est sa mère, le vent (l’air) l’a porté dans son ventre, la terre est sa nourrice » (fin de citation).
C’est pourquoi, dans le « Malleus Maleficarum » de 1486, plus connu de nos jours sous le titre « Le marteau des sorcières » et qui - rappelons le - servait de guide à la Sainte Inquisition, les 4 éléments, en contrepartie, sont logiquement diabolisés puisque associés, cette fois, à l’art hérétique des devins : « la géomancie qui pratique avec les éléments terrestres comme le fer et la pierre polie ; l’hydromancie qui travaille avec l’eau et le cristal ; l’aéromancie qui s’occupe des airs ; la pyromancie qui s’occupe du feu » (fin de citation).
Bien loin de l’obscurantisme de ces temps de chasse aux sorcières, les rituels actuels de Magie Blanche – hérités majoritairement du Celtisme - ne renient pas, bien au contraire, les références ancestrales au symbolisme élémentaire.
Ainsi, l’ « Appel des Divinités », effectué au centre du cercle magique, passe immanquablement par une invocation des 4 points cardinaux, des 4 éléments qui s’y rattachent et des 4 classes d’ Esprits Elémentaux associés : les Sylphes pour l’Air, les Salamandres pour le Feu, les Ondines pour l’Eau et les Gnomes pour la Terre.
Lorsque l’on sait que ces Esprits Elémentaux sont directement issus de la religion de Thor, à l’extrême nord de l’Europe, on mesure assez l’universalité de la symbolique élémentaire !
Durant tous les âges de l’Humanité mais également dans toutes les cultures réparties sur le globe, les 4 éléments semblent incontournables.
Lorsque l’on sait que ces Esprits Elémentaux sont directement issus de la religion de Thor, à l’extrême nord de l’Europe, on mesure assez l’universalité de la symbolique élémentaire !
Durant tous les âges de l’Humanité mais également dans toutes les cultures réparties sur le globe, les 4 éléments semblent incontournables.
Il est vrai que l’Asie se singularise quelque peu en y ajoutant 2 éléments supplémentaires et ce particulièrement en médecine chinoise - le bois et le métal - mais en maintenant cependant une correspondance étroite entre nos 4 éléments traditionnels et les 4 premiers chakras du corps humain : muladhara chakra pour la terre, svadishthana chakra pour l’eau, manipura chakra pour le feu et anahata chakra pour l’air.
Pour autant, les chakras dans leur totalité, de même d’ailleurs que les différentes auras corporelles, sont bien au nombre de 7 et la création demeure donc en cohérence avec l’ensemble des systèmes de représentation symbolique afférents mis au point par l’Etre Humain.
Il paraît donc bien illusoire de tenter d’échapper à la pérennité transversale de la symbolique élémentaire.
Et cela se conçoit d’autant plus aisément si l’on considère que religions, philosophies et pratiques magiques se sont développées et enrichies les unes à la suite des autres et plus simplement encore les unes par rapport aux autres ; cela à partir d’un seul et unique matériau commun : l’esprit humain.
Rien d’étonnant donc qu’elles soient indissociables et en correspondance – par analogie ou par contrepoint – dans leurs expressions symboliques respectives; la symbolique élémentaire n’étant qu’un point de détail au sein de l’expression symbolique globale.
La preuve en est que même le monothéisme – théorie proprement révolutionnaire – n’a jamais pu s’affranchir véritablement de cette pérennité de correspondances.
Quant à l’athéisme et l’agnosticisme, ils auraient pu le tenter par négation pure et simple de tout symbolisme, mais, dans les faits, on constate combien l’esprit humain est réfractaire à ce type de renoncement puisque notre ère, si matérialiste, n’a peut-être jamais auparavant vu la prolifération d’autant de sectes et de courants philosophiques, ni de remises au goût du jour de tant de pratiques magiques et initiatiques.
« La nature à horreur du vide » et le vide, produit principalement par la laïcité de nos sociétés modernes occidentales, se trouve finalement comblé naturellement par la volonté individuelle - consciente ou non - de chacun d’entre nous.
Ainsi, à défaut d’accéder, par le biais d’une évolution biologique éventuelle, à un état de conscience supérieure, l’Etre Humain ne saurait se passer de symbolisme car sa structure cérébrale n’est sans doute, en l’état, qu’une « machine à produire des symboles ».
Or, si « Dieu fit l’Homme à son image » comme le prétend l’Ancien Testament, il est certain que l’Etre Humain a conçu l’intelligence artificielle à l’image de son propre cerveau… et qu’est ce qu’un ordinateur, sinon justement une « machine à analyser des symboles » ?
Christine J-V